Книга Tess, Le Réveil - читать онлайн бесплатно, автор Andres Mann. Cтраница 6
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Tess, Le Réveil
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Tess, Le Réveil

Jake était furieux. Il aurait voulu lui déchirer ses vêtements militaires, mettre à nu cette chair qu'il désirait tant, la jeter sur le lit et l'étouffer de son corps qui hurlait d'envie de la posséder encore une fois. Hier soir avait été doux et bref. Maintenant, il voulait lui montrer un désir qu'il n'avait pas éprouvé depuis longtemps.

« Tess, sois réaliste ! Les chances de trouver cette fille sont pratiquement nulles. Et même si tu la retrouves, ce salopard l'aura probablement déjà tuée.

— Si tu ne viens pas, j'irai seule. Ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini, comme ils disent. »

Jake avait envie de hurler et de partir, mais son envie pour elle était plus forte. Il se rendit compte que ça n'arriverait sans doute pas maintenant. Il fallait que ce soit fait à sa manière à elle. Une fois qu'elle était décidée, rien ne pouvait l'arrêter.

« Très bien, Tess, d'accord. Laisse-moi rapidement prendre une douche et on y va, se résigna-t-il.

— Parfait. Je descends et je nous prends deux paniers repas. Je t'attends devant l'hôtel dans le Humvee. » Et voilà. Fin de la discussion.

Jake paya rapidement la note, sauta à bord du véhicule que Tess gardait moteur allumé sur le perron de l'hôtel, ils s'en allèrent pour la base. Pendant qu'ils mordaient dans leurs sandwiches, ils commentaient sur l'ironique coexistence d'une ville relativement moderne bourdonnant d'activité au cœur d'importants combats dans l'arrière-pays. Tout semblait normal. Des femmes, des hommes déambulaient en ville, des travailleurs se rendaient à leurs emplois, des clients visitaient les centres commerciaux. Le seul signe anormal était la présence de véhicules militaires aux carrefours principaux.

Après le check-point de la base, ils s'arrêtèrent au poste de commandement. Tess sauta du Humvee avec l'aisance d'une ballerine, ce qui impressionna Jake dont le corps souffrait encore de profondes courbatures. C'est vraiment autre chose, cette femme, pensa-t-il. Derrière sa beauté, c'est une dure à cuire avec une dose de détermination et de motivation que peu d'hommes possèdent.

Tess frappa à la porte du colonel Reynolds. Le Chef Opérations la fit entrer.

« Tess, où diable étiez-vous passée ? J'ai des hommes partis à votre recherche !

— Ne vous inquiétez pas, Chef. Je sus juste allée à Koweït City pour me reposer.

— Vous ne deviez pas être dehors. Pour tout dire, vous devriez être à l'hôpital.

— Pas de temps pour ça, Chef. Je veux faire partie des unités envoyées sur les positions du Général al-Saadi. J'ai quelque chose à finir.

— Oui, j'ai appris ce qui vous êtes arrivé, et même si je comprends votre envie de vous venger, je ne peux pas le permettre. Laissez la Troisième d'Infanterie s'occuper de lui. Vous avez vécu un véritable enfer. J'aimerais que vous preniez du repos.

— Colonel, si je n'y retourne pas, Amir va tuer une petite fille. Sa mère m'a sauvé la vie. Je dois tout faire pour la trouver avant que le général n'y arrive. »

Le Colonel Reynolds était habitué à argumenter avec Tess. En fait, il n'y avait jamais eu une seule fois où elle avait obtempéré sans faire d'histoire.

Il était temps d'user du langage officiel. « Commandant, ma réponse est non. Vous avez été prisonnier de guerre ; vous n'avez pas fini votre examen médical ni votre débriefing. Vous devriez poser votre demande de rapatriement. Vous avez fait votre devoir. Laissez tomber !

— Colonel, non seulement ai-je fait une promesse à une femme mourante, mais les salopards que je recherche ont tué le Commandant Gardner. Je sais où ils se trouvent, je connais la configuration des lieux. Je peux y entrer et faire ce que j'ai à faire en seulement quelques heures.

— Et comment voulez-vous que j'explique ça à votre père ? Que vous avez perdu la tête ?

— Merci pour le compliment, Chef, mon père comprendra. »

♦♦♦

Tess et Jake embarquèrent à bord d'un hélicoptère avec deux membres d'équipage. Ils décollèrent et partirent pour la propriété d'Amir al-Saadi. Quand ils arrivèrent sur les lieux, ils virent beaucoup de fumée mais aucune activité. Ils atterrirent à peu de distance avec un artilleur prêt, en cas de menace.

Tess et Jake marchèrent rapidement sur le manoir et découvrirent les corps des fedayin exécutés par al-Saadi.

Les portes du manoir étaient verrouillées et un serviteur leur dit qu'il avait ordre de protéger la maison de son maître. Jake lui parla en arabe et lui assura que les Américains feraient sauter la maison s'il ne les laissait pas entrer. Le serviteur obtempéra et ouvrit la porte.

Jake l'attrapa par la gorge et lui demanda : « Où est votre maître et où est la petite fille ? » L'homme terrifié révéla que le général était parti avec l'enfant et quelques troupes mais ne savait pas où. Jake essaya de tirer plus d'information du pauvre homme mais il n'en savait manifestement pas plus.

« Jake, peut-être ne sait-il pas où Saadi est parti, mais peut-il nous en dire plus sur ses activités ? »

Encouragé par quelques gifles et quelques des coups de pieds, le serviteur fit enfin part de quelques informations utiles. Le général avait un appartement à Istanbul, un à Paris et une propriété non loin de Londres. Il pouvait être dans l'un de ces endroits.

Jake lança un regard rempli de tristesse à Tess. « Il nous a échappé. Il est hors d'atteinte.

— Seulement si tu l'acceptes, contra Tess. Je vais aller le trouver ! »

Jake perdit patience. « Dois-je te rappeler que nous sommes encore dans l'armée ? Tu ne peux pas aller parcourir le monde juste pour retrouver ce type ! »

Tess désapprouva. « L'armée ne nous laissera pas retourner à l'action avant qu'on ne termine notre évaluation et notre débriefing. Ensuite, ils nous laisseront partir en permission. Voilà comment j'ai l'intention de partir à la chasse de ce salopard. »

Jake lança ses bras en l'air. « Tu es complètement folle !

— Merci, rétorqua Tess. Je ne t'ai pas demandé de m'accompagner. Je me charge de cette mission.

— C'est ce qu'on va voir. Tu as besoin de moi pour être sûre que tu penses avec ta tête ! »

Tess croisa ses bras sur sa poitrine. « Tu vas m'immobiliser encore une fois ? Je te jure que je te frapperai avec une brique ! »

Jake sourit. "Si tu crois que je vais disparaître, tu te trompes. Je crois que je vais prendre une permission et aller avec toi dans cette mascarade."

Tess s'énerva. « Ce n'est pas une mascarade. C'est la vie d'une enfant. J'ai promis à sa mère de prendre soin d'elle et c'est précisément ce que je vais faire ! »

Jake se rendit compte qu'il n'y avait rien pour la dissuader. « D'accord, comment envisages-tu de retrouver le général et cette enfant ?

— C'est simple. Tu prends ton carnet d'adresses et tes contacts dans les renseignements pour cerner ce salopard.

— Tu veux que j'utilise des moyens d'état pour ton projet personnel ?

— Je crois que l'état sera inutile sur ce cas. Je te demande juste d'utiliser ton expérience en tant que barbouze pour m'aider à retrouver ce type.

— Je crois que tu es cinglée, observa Jake, mais tu es ma cinglée à moi. Allons-y.

— Merci du compliment, monsieur, Tess sourit. Retournons à la base voir comment partir en permission. »

11 - Naples

S'aggripant à la poignée du véhicule, Jake tentait de ne pas montrer son angoisse face à la conduite énergique de Tess.

« Alors, quel est le plan ? » Jake demanda.

« On devrait prendre une perm et commencer à fouiller du côté d'Istanbul où, d'après son serviteur, Amir a une résidence », répondit Tess tandis qu'elle conduisait le Humvee à tombeau ouvert.

Jake, toujours très pratique, lui jeta un regard interrogateur. « Et on va en Turquie comment ? Nous sommes au milieu d'une guerre, au cas où tu l'aurais oublié.

— Je croyais que c'était toi le créatif. Bon, comme ton imagination semble être au point mort, voyons si on peut trouver un transport militaire pour la base américaine d'Incirlik ou peut-être d'Izmir en Turquie. »

Jake secoua la tête. « On aura besoin d'ordres de mission pour aller là-bas. Ce serait mieux d'aller en Italie, soit à Sigonella en Sicile ou à la base navale de Naples. On aura toujours besoin d'ordres de mission mais ce sera plus facile, les Turques sont pénibles. Ils risquent d'examiner tout mouvement en provenance d'Irak de très près. Ils ne veulent pas être mêlés à ce que nous faisons ici. »

Tess fit une embardée pour éviter une chèvre errante. « Alors, monsieur le barbouze. Tu peux nous produire des ordres pour l'Italie ? Ça ne me dérangerait pas une bonne platée de pâtes.

— Je vais voir avec mes contacts s'ils peuvent nous trouver un motif pour nous envoyer là-bas. »

Jake et Tess arrivèrent à la base et, durant deux jours, ils se plièrent à une série de réunions et d'évaluations médicales.

Les opérations militaires atteignaient leur point culminant, les unités pénétraient Bagdad avec peu de résistance active. À ce stade, ce n’était plus qu'une question de temps avant que les Irakiens ne capitulent.

Jake fit appel à tous ces atouts pour leur faire délivrer des ordres pour Naples et prétendument briefer l'antenne locale de la CIA sur les progrès de la guerre. Le jour suivant, ils montèrent à bord d'un avion de transport et arrivèrent à Naples en peu de temps.

En descendant de l'avion, Jake jugea utile de souligner une évidence. « Okay, Commandant, maintenant que nous sommes ici, nous sommes livrés à nous-mêmes. On peut obtenir un congé, mais nous devons payer nos vols et nos dépenses pour Istanbul de notre poche. Et je ne pense pas que mon salaire de la CIA nous mènera loin. » Jake avait en réalité une importante cagnotte ; il n'était pas certain cependant de vouloir l'utiliser pour une quête qui pouvait s'avérer vaine.

Tess répondit : « Ce n'est pas un problème. J'ai de l'argent.

— Bon à savoir. »

En fait, Tess n'avait pas beaucoup d'argent. Elle pouvait compter sur son père, mais elle ne voulait pas l’impliquer dans son plan. Elle ne voulait pas l'alarmer en lui annonçant qu'elle et son partenaire s'embarquaient dans une aventure improbable.

Aussitôt libérés du service, ils prirent un taxi pour le centre de Naples. Tess annonça qu'elle avait fait une réservation au Grand Hôtel Vesuvio, un superbe palace avec des chambres à balcon avec vue sur la mer. C'était l'un des lieux de séjour préférés de Tess. Situé sur le front de mer, l'établissement surplombait le Golfe de Naples, l'île de Capri et le Mont Vésuve.

Aussi coriace qu'elle fût, Tess appréciait le confort matériel que son éducation privilégiée lui avait donnée. Elle avait souvent séjourné dans cet établissement, lieu d'étape vers la résidence de vacances de sa tante à Capri.

Jake proposa une meilleure idée.

Il guida le taxi à travers les rues anciennes et sombres de Naples et le fit s'arrêter devant un portail de fer décrépit dans une allée lugubre flanquée de hauts immeubles qui faisaient sécher leur linge au-dessus de la ruelle.

Tess était un peu consternée. L'entrée de la rue était sombre et inhospitalière.

Jake lui attrapa la main et ils grimpèrent un escalier en béton jusqu'au deuxième étage. Il les fit s'engouffrer, avec leurs petits sacs de voyage, dans le vieil ascenseur, puis il se mit à fouiller dans ses poches. Un petit panneau informait que le coût de l'ascenseur était de 10 centimes — pas idéal quand vous arrivez avec des bagages lourds et aucune pièce de 10 centimes ! Tess comprit alors pourquoi Jake avait insisté pour acheter un café à l’aéroport.

Miraculeusement, la pièce ramena l'ascenseur antédiluvien à la vie, les dégorgeant dans l'aire de réception d'une Pensione, la version italienne d'un B&B.

Le type à la réception était serviable et efficace, pas extrêmement sympathique et accueillant, mais acceptable. Il informa les clients que la réception fermait à 20 heures et qu'il fallait se conformer aux instructions au sujet de quelle clé ouvre quelle porte s'ils retournaient à la Pensione tard dans la soirée.

Tess était prête à repartir, mais Jake lui prit la main et l'emmena dans la chambre. Étonnamment, elle était propre et de bonnes dimensions. Le lit était grand et confortable, les placards de rangements généreux. En comparaison, la salle de bain était un peu décevante. Elle était propre mais montrait des signes d'usure ; il y avait des tâches noires au fond du bac à douche, traces des ravages d'années d'humidité, et aussi quelques égratignures sur la porte. Un rideau de douche laid et bon marché complétait le décor.

Tess regarda Jake d'un air interrogateur. « J'espère que tu te rends compte que je suis habituée à mieux que ça. »

Jake sourit. « J'en suis sûr. »

La chambre ouvrait sur une terrasse commune et chaque chambre avait sa propre table et des chaises. Le réceptionniste avait souligné qu'ils pouvaient y prendre leur petit déjeuner. Jake dit qu'ils le feraient si le temps le permettait.

Ils laissèrent leurs sacs dans la chambre et retournèrent au dehors. Bientôt, Tess devait avouer que se trouver proche du centre-ville et à portée des attractions était bien pratique. Ils virent de nombreux endroits où manger et découvrirent de merveilleuses petites rues. Les ruelles débordaient de visiteurs, de musiciens, de marchands, de restaurants et de boutiques. Tant de choses à voir !

Finalement, Jake entra dans un petit restaurant. Une vieille femme potelée les vit et leur dit en italien : « Signor Jake ! Où avez-vous été tout ce temps ? Vous ne m'avez pas rendu visite depuis au moins un an. »

Jake la prit dans ses bras et lui présenta Tess. « Voici Mamma Assunta, le meilleur cuisinier de Naples ! »

Mamma prit Tess dans ses bras et déclara : « Jake, quelle honte, tu ne lui donnes donc pas à manger à cette pauvre jeune fille !? » Elle s'écarta et évalua Tess du regard. « Aucun souci. Nous allons la nourrir comme il faut ! Maintenant, asseyez-vous. »

Le couple se glissa à une petite table. Tess prit un des grissini, des petits bâtons de pain, et le trempa dans un bol d'excellente huile d'olive. Le garçon apporta une bouteille de vin. Tess nota l’étiquette — Taurasi. « Jamais entendu parler. »

Jake en versa un peu dans son verre. « C'est un vin de région. » Tess goûta et le trouva merveilleux, un vin superbe, corsé et opulent.

Il n'y avait pas de menu et Jake ne s’embarrassa pas d'aller en chercher.

Tess le piqua de son pain et tout en en mâchant un autre : « Je suis affamée ! » Jake jeta un coup d’œil vers la cuisine et annonça que la nourriture était en chemin. « Mamma ne s'embête avec les menus. Elle sert juste ce qu'elle est en train de préparer. »

Une jeune femme apporta plusieurs plats de service et les déposa devant eux et il y avait beaucoup plus nourriture que ne pouvaient ingurgiter deux personnes. Jake se lança dans la description des plats. « Ce plat est appelé Pasta Alla Genovese. Il a une base de sauce oignon-et-bœuf semblable à la soupe à l'oignon française, servie sur des rigatoni. »

Tess sentit l'arôme divin du plat. « Je suppose que ça vient donc de Gênes.

— Pas vraiment, dit Jake. C'est en fait le plat napolitain par excellence. Personne ne sait pourquoi on l'appelle Genovese. »

Il montra un autre plat. « Celui-ci, c'est du polpettone, un pain de viande farci aux légumes. C'est délicieux. Et ceci est du scammaro, une omelette sans œufs. Elle est assaisonnée de câpres, d'olives, de persil, de quelques tranches de courgettes et de chapelure. Les habitants recommandent de rajouter des anchois, mais de nombreux touristes ne les apprécient pas. Une fois que tu auras goûté à ce plat, tu deviendras accro. »

Tess était affamée et n'attendit pas la fin de l'explicatif des plats. Elle se servit une part de nourriture et commença à manger. « C'est délicieux », observa-t-elle.

Jake était encore en pleine explication et son attention se porta sur le reste des plats. « Ceci est de la tostata di tagliolini, avec du fior di latte fumé, des petits pois, du jambon, de la sauce béchamel et du Parmesan. Et là, une belle frittata de riz. »

À ce moment-là, Tess comprit que si elle voulait passer du temps avec Jake, elle devait accepter de l’entendre débiter d'innombrables faits et chiffres à propos de tout. « Jake, j'ai compris ; bonne bouffe. Mange, maintenant. »

Jake suivit son conseil et remplit son assiette de nourriture. Ce qui ne l'empêcha pas de poursuivre. « Les gens pensent que la cuisine napolitaine est à base de sauce rouge mais ce n'est pas forcément le cas. Leur style est infiniment plus sophistiqué. »

Tess, plongée dans la dégustation des plats, tenta de freiner l’assaut de renseignements culinaires. « Bon à avoir. Et maintenant, mange », répéta-t-elle. Jake finit par se taire et suivit le conseil de Tess.

Mais le silence ne dura pas ; Jake continuait ses commentaires interminables entre deux bouchées. Tess avait envie de bâillonner son partenaire.

Puis vint le dessert. Des sfogliatelle, de fines et délicieuses petites pâtisseries en forme de coquilles Saint-Jacques fourrées d'une crème onctueuse faite de ricotta, de sucre, de cannelle et de petits confits d'agrumes, le tout saupoudré de sucre.

Après ces succulents abus de bonne nourriture, ils complimentèrent Mamma avec effusion — c'est, en Italie, une exigence absolue, une loi. Elles les étreignit dans ses bras et Jake l'assura qu'à compter de ce jour, il se chargerait de nourrir Tess.

Ils émergèrent finalement du petit restaurant, cheminant dans les anciennes rues pavées, et rejoignant le flot d'habitants qui s'adonnaient à la coutume du soir, la passeggiata, qui consistait en une promenade pour digérer le dîner, ainsi que de voir et d'être vu.

Après une courte exploration, Jake et Tess s'assirent à un bistrot de bord de mer pour savourer un café, suivi de deux verres de vin. Castel dell'Ovo, l'un des plus vieux châteaux d'Italie bâti par les Romains, se trouvait en face d'eux sur une petite île de la baie. Jake s'apprêtait à un nouveau commentaire encyclopédique mais un regard noir de Tess l'en dissuada.

Ils retournèrent à l'hôtel, un peu étourdis, oubliant presque la raison de leur présence à Naples. Ils prirent chacun une douche, puis Jake s'allongea sur le lit, s'extasiant de la piètre qualité du programme télé local.

Tess sortit de la salle de bain entourée d'une serviette. « N'attends pas grand-chose du programme télé. Ça ne va pas s'améliorer. La plupart des stations appartiennent à Silvio Berlusconi et il est persuadé que les Italiens se contenteront longtemps de cette merde. De toute façon, on a mieux à faire. »

Elle jeta sa serviette et vint se placer au-dessus de Jake. Il n'offrit aucune résistance.

Tess commença à l'embrasser doucement, puis avec de plus en plus d'intensité. Jake fit de même mais cette fois, elle insista pour mener la danse. Tess lui intima de rester parfaitement immobile, puis se mit à couvrir son pénis en érection de baisers. Elle en aspira tendrement la tête et en lécha la hampe comme s'il agissait d'une friandise. « Roger, mon ex, était très prude et manquait d'imagination. Il ne me permettait pas de faire ça », expliqua Tess entre deux baisers. « Le tien est magnifique, un vrai chef-d’œuvre. J'aime connaître intimement toute chose que je laisse entrer dans mon corps... Délicieux. »

« Merci, mon amour, mais vas-y doucement. Je suis sûr que tu as remarqué, je ne suis pas circoncis. » Jake essaya de bouger mais elle l'en empêcha.

Elle se laissa tomber sur lui, petit à petit, s'émerveillant de cette douce invasion de son corps. Jake tenta une nouvelle fois de bouger mais elle continua de l'immobiliser en l'embrassant. Jake trouva ses préférences de plus en plus difficile à accommoder. Elle poursuivit ses baisers, bougeant à son propre rythme jusqu'à un frémissement soudain, signe de son orgasme bouleversant.

Elle resta allongée sur lui puis commença lentement à se détendre. Jake la renversa sur le dos et s'introduisit en douceur dans le corps de Tess. Il lui imprima de lentes et profondes poussées qui augmentèrent en intensité. Bientôt, Tess répondit de même.

Elle se sentait complètement possédée par son amant et haletait de plaisir. Jake se répandit en elle. Ils restèrent enlacés jusqu'à ce que le sommeil les engloutisse.

12 - Connais Ton Ennemi

Le lendemain matin, Jake et Tess prirent un petit-déjeuner puis se rendirent à pied à la Biblioteca Nazionale Vittorio Emanuele III, la bibliothèque principale de Naples. La bibliothèque, occupant l'aile est du Palazzo Reale construit au XVIIIème siècle, était un chef-d’œuvre d'art et d'architecture royale.

Jake expliqua. « En termes purement quantitatifs, c'est la troisième plus grande bibliothèque d'Italie après les bibliothèques nationales de Rome et de Florence. Elle compte 1.480.747 volumes imprimés, 319.187 brochures, 18.415 manuscrits, plus de 8.000 journaux, 4.500 incunables et les 1.800 papyrus d'Herculanum. »

Tess réalisa alors que le goût de Jake pour les faits, chiffres et une incroyable connaissance de l'histoire relevait plus que du simple enthousiasme.

« Je me demande si je devrais être impressionnée ou inquiète. Ou peut-être que tu plaisantes. »

Jake sourit. « Désolé. J'ai une mémoire eidétique, et je me souviens de tout.

— Tout ? S'exclama Tess. Jake haussa les épaules : La moindre petite pépite d'information : expériences, impressions, visages, faits, chiffres.

— J'espère que c'est une bonne chose. »

Ils étaient à la bibliothèque pour effectuer des recherches sur la ville d'Istanbul. Le larbin du général en Irak leur avait fourni une adresse. En supposant que l'information était fiable, ils devaient localiser l'endroit et se faire une idée des environs. Ils avaient aussi besoin de développer une stratégie. Ils recherchèrent donc toute information pouvant être utile : données, chiffres, cartes. Jake n'eut pas besoin de photocopies. Il mémorisa tout.

Puis il présenta brièvement la situation. « Supposons qu'on retrouve Amir, il ne va pas nous donner la fille de Kejal sans rechigner. L'autre complication réside dans le fait que, en Turquie, Amir n'a enfreint aucune loi, ça ne sera donc pas utile de se rendre à la police. Au contraire, cela risque de soulever beaucoup de questions de la part des autorités locales. »

Jake se connecta à la base de données de la CIA qui contenait les profils des Irakiens les plus importants et y trouva le dossier d'Amir Alkan al-Saadi. Le dossier révéla qu'ils avaient affaire à un adversaire redoutable.

Amir avait fréquenté la British Royal Military Sandhurst Academy, s'étant ainsi préparé à devenir un officier de l'armée ; il reçut son diplôme avec les honneurs. Il poursuivit ses études à l'Université de Cambridge, où il reçut son diplôme également avec les honneurs.

Son ascension au sein de l'armée irakienne fut fulgurante. Il fut décoré pour avoir dirigé une brigade dans le conflit irako-iranien, l'un des plus sanglants du siècle.

En termes de tactiques utilisées, cette guerre avait été comparable à la première guerre mondiale. Les deux fronts avaient eu recours à de longues guerres de tranchées, avec barbelés, postes de mitrailleurs, charges à la baïonnette et vagues d'attaques de soldats entre les deux fronts.

Les combattants firent également usage d'armes chimiques comme le gaz moutarde, utilisé par les Irakiens contre les troupes iraniennes. Les Iraniens répliquèrent de même.